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Introduction (suite 1)

Tout avait commencé pour nous, soldats de l'armée Delattre, l'armée de Rhin et Danube, en Juin 1945. Nous étions en Allemagne et la guerre nous semblait bien terminée, quand on nous à demandé notre volontariat pour combattre contre le japon avec un entraînement préalable à Los Angeles. La bombe atomique et la reddition des nippons changèrent notre destination.. Ce fut Viet Nâm.
Nous avions vingt ans, et notre destin nous a amenés en ce pays s'Asie. Il fallait alors vingt cinq jours et plus de traversée, sans confort bien sûr, mais nos rêves de jeunes gens imprégnés des récits de Pierre Lotti et d'Alain Guerbaut se concrétisaient. Nous voguions vers la Mer Rouge, la route des Indes, Ceylan, Singapour, la Mer de Chine, et bientôt le Cap Saint Jacques, terme de notre traversée.
Et là, lentement, le "Victory" remontait la rivière de Saïgon, suivant ses sinuosités et ses rives envahies d'une végétation exubérante. Et, soudain, au dernier méandre, nous étions dans le port parmi une nuée d'embarcations dans une animation inouïe, comme nous nous n'en avions vu nulle part ailleurs.

Nous étions en Indochine, dans une foule bruyante, bigarré et afférée. Je ne peux traduire notre éblouissement, projetés que nous étions dans cet autre univers, si loin de chez nous.
Les années ont passé, mais les souvenirs ne sont pas enfuis. Ma nostalgie pour cette terre d'Asie, ce "mal jaune" dont parle Larteguy en vient à ma submerger à nouveau...

René négociant... avec
une jeune congaïe

Tous les anciens d'Indo, parce qu'ils ont beaucoup aimé et souffert, ont encore au coeur cet attachement extraordinaire pour ce pays plein de lumière, au charme envoûtant, dans ce grouillement de vie que ce soit dans ses villes ou ses villages, parmi les pousses pousses et les cyclos, avec ce petit peuple qui souriait malgré ses misères.
Comment oublier ces gentilles congaïes (jeune fille), accroupies près de leurs paniers ronds en osiers, jaccassant comme des perruches et offrant des mains de bananes pour quelques pièces... Et surtout à Saïgon, ces filles rieuses qui aguichaient, dans leurs tuniques moulantes et chatoyantes de couleurs...
J'ai revu les flamboyants et les ibiscus au long des routes, les échoppes et les petits métiers de rue. Le dentiste, le coiffeur, sur le trottoir parmi les étals colorés, les longs balanciers de bambous pour le tranport de tout... et même ces enterrements tout en couleurs, avec bruit et fanfare, ces odeurs familières de soupe chinoise dégustée dans la rue... toutes ces senteurs d'épices et de bien d'autres choses.